Œuvre
First Agreement
Légende
2013, Diptyque, béton et journaux, chaque composante 100 x 160 cm
Artiste
Par
Texte
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L’œuvre de Matheus Rocha Pitta choisie sur arte-sur.org ; Circular ( 2011), ne se prêtait pas à une présentation au Palais de Tokyo, en raison de son ancrage dans un contexte spécifique à Rio de Janeiro. A la place de Circular, Rocha Pitta a proposé la production d’une nouvelle œuvre : First Agreement (2013).
Inspiré par le souvenir d’une citation de l’artiste Thomas Hirschhorn » Pour changer la réalité vous devez d’abord l’accepter. Accepter la réalité est le premier pas pour la changer »[1] , l’artiste Rocha Pitta associe cette pensée avec ses recherches sur les pierres tombales des cultures de l’Egypte, la Grèce et la Rome Antiques. Dans ces artefacts, les morts sont continuellement représentés, en peinture ou en bas relief, serrant la main ou embrassant le divin.
Dans son œuvre, First Agreement, Rocha Pitta pose deux stèles de béton contre le mur. Sur la surface de la matière sont ancrées des images découpées de pages de quotidiens et d’hebdomadaires, montrant une série de remerciements et d’accords entre des figures militaires ou politiques. Reflétant les poses des dalles funéraires, les figures se tiennent les mains, se prennent dans les bras ou s’embrassent. Ces scènes sont des évènements réels, mais aussi des rencontres orchestrées par la presse. Ces démonstrations publiques chaleureuses, accueillantes et cordiales sont transcrites comme des signes au public que l’alignement partisan et la coopération est à portée de main dans leurs processus gouvernementaux et militaires.
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L’écho entre les figures et les formes dans leur contexte historique est une thématique à laquelle Rocha Pitta s’intéresse dans l’ensemble de sa pratique. Ces clins d’œil à nos anciens symboles culturels, et ici principalement religieux, permettent à l’artiste de tracer les grands récits et les raisons apparemment universelles de la communication culturelle. Représentés avec des matériaux contemporains, bons marchés et un savoir faire manuel, les œuvres renvoient aux traditions de l’Arte Povera. Non seulement par un lieu dans la lignée de la trajectoire artistique, mais aussi à travers une profonde connaissance de l’histoire de la pauvreté monastique associée aux suiveurs de saint François d’Assise. Cette économie de moyens est partagée tant par les dévots spirituels, que par des plusieurs générations d’artistes des XXe et XXIe siècle.
En liant ces accords politiques et militaires à des anciennes cryptes et tombes, d’autres lectures des évènements s’imposent à nous. Dans les cultures occidentales au moins, ces actions sont aussi souvent associées à des accords formels et légaux écrits et inscrits dans les lois et les politiques du pays. Les traités et contrats deviennent souvent les tombes des contextes politiques et économiques eux-mêmes, provoquant ainsi de nombreux problèmes futurs, de par le fait qu’ils demandent beaucoup d’effort pour les renégocier. Ce manque de souplesse dans nos façons de travailler, accorde la priorité aux écrits du passé plutôt qu’aux conversations et aux situations présentes.
Traduit de l’anglais par Mathilde Ayoub
Références
[1] « To change reality you must first accept it. Agreeing with reality is the first step to changing it”